L’allocation d’actifs et les classes d’actifs – Banquier vs Mr.RTF

Comme annoncé dans une de net worth update mensuelle, je souhaite vous parler d’un sujet passionnant: l’allocation d’actifs!

Allez Jésus, on se fait plaisir et on commence avec une petite définition!

Définition

Définition bien chiante: L’allocation d’actifs représente la stratégie de répartition des actifs financiers au sein d’un portefeuille. Le montant des fonds à investir est divisé entre les catégories d’actifs différentes, comme les actions, obligations, liquidités, immobilier, private equity et autres.  – Source

Définition selon Mr.RTF: L’allocation d’actifs représente tout ce qui constitue votre stash bien aimé, c.à.d. les merveilleuses classes d’actifs qui forment votre fortune. 

Comme en cours de philo, on constate vite que cette définition en amène une autre, celle des classes/catégories d’actifs.

Les classes d’actifs

Définition selon le banquier

Dans la plupart des livres de finance, l’allocation d’actifs est toujours liée à un portefeuille qu’il s’agit d’optimiser en choisissant rigoureusement les classes d’actifs dans lesquelles investir et leur pondération. On y retrouve les catégories citées plus haut:

  • actions
  • obligations
  • liquidités
  • immobilier
  • private equity
  • matières premières

Bien que cette approche ne soit pas fausse en elle-même, votre dévoué serviteur la considère comme incomplète. 

Quel sacrilège de vouloir réduire notre stash adoré à ces catégories!

Définition selon Mr.RTF

Selon moi, il serait réducteur de résumer la situation financière d’une personne à ses avoirs bancaires ou financiers. 

Je m’explique, la définition de l’allocation d’actifs et donc des classes d’actifs à prendre en compte selon la finance moderne (version du banquier) se concentre presque uniquement sur les avoirs qui peuvent être investis/optimisés. Cette définition ne comprend donc pas tous les actifs que vous possédez mais uniquement les actifs liquides, que vous seriez susceptibles d’investir avec votre banque afin qu’elle se gave de frais.

Ma version diffère de celle du banquier car elle prend en compte la globalité de vos actifs et votre situation personnelle. On y retrouve des catégories supplémentaires à celles incluses par la méthode du banquier:

  • actions
  • obligations
  • liquidités
  • immobilier
  • private equity
  • matières premières
  • bitcoins et autre crypto, lingots d’or, collection de timbres, etc.
  • prévoyance étatique (1er pilier) – sécurité sociale pour nos amis français 🙂
  • prévoyance professionnelle (2ème pilier)
  • prévoyance privée (3ème pilier)
  • votre appartement/maison si vous êtes propriétaire

Prenons un exemple très simple pour bien comprendre les conséquences d’une définition incomplète des classes d’actifs sur l’allocation.

Étude de cas

Scénario 1 – Monsieur Müller chez le banquier

Monsieur Müller, 45 ans, a rendez-vous avec son banquier dans le but de placer la coquette somme de CHF 500’000, fruit de 20 ans de labeur, accumulée sur son compte épargne.

Sur la base de son âge et de son aversion au risque, le banquier calcule une allocation idéale de 55% en actions et 45% en obligations.

Le banquier propose donc « logiquement » à Monsieur Müller d’investir CHF 275’000 dans un fond en actions et CHF 225’000 dans des obligations.

Scénario 2 – Monsieur Müller chez Mr.RTF

Monsieur Müller, 45 ans, a rendez-vous avec son bloggeur préféré pour un petit verre de thé. Au fil de la discussion, la conversation bascule sur le fait qu’il souhaite investir CHF 500’000, fruit de 20 ans de labeur, accumulée sur son compte épargne.

Dans un premier temps et après un disclaimer de rigueur [je ne suis ni un expert, ni  un conseiller financier, j’ai simplement un avis], j’arrive à la conclusion qu’une allocation de 55% en actions et 45% en obligations est idéale sur la base de son âge, de son aversion au risque, de ses plans futurs, des lignes de la paume de sa main et de tout le tralala. 

Jusque-là, le banquier et moi sommes sur la même longueur d’onde.

Dans un deuxième temps, je lui demande de me dire combien il a sur ses 3ème piliers, CHF 0.- (non, ne le jugez pas :D), sur son 2ème pilier (CHF 250’000), et le questionne sur de potentiels autres actifs (1er pilier inexistant – pas réaliste mais on simplifie, il est locataire, il n’a pas de lingots d’or à la maison et n’a pas encore succombé à la crypto hype, bref la somme du « reste » est de CHF 0.-, simplification quand tu nous tiens 😉 ). 

Étant donné que le 2ème pilier peut être assimilé à des obligations (rendement minimum de 1% par année, donc risque bas, et espérance de rendement limitée), je le prends en compte comme tel lors de mon calcul. 

CHF 500’000 d’épargne plus CHF 250’000 du 2ème pilier, cela nous fait CHF 750’000 de fortune nette. L’allocation idéale de Monsieur Müller serait donc de CHF 412’500 en actions et CHF 337’500 en obligations (55%/45% de sa fortune totale et non pas du montant à investir).

Étant donné qu’il possède déjà CHF 250’000 investis dans son 2ème pilier (assimilable à des obligations), il doit encore acheter CHF 87’500 d’obligations (CHF 337’500 – CHF 250’000) pour atteindre l’allocation voulue et donc placer CHF 412’500 en actions.

Petite comparaison

Voilà ce que donnent les 2 allocations d’actifs sous forme graphique, d’un côté avec comme base la somme à investir et de l’autre avec comme base la fortune totale:

On voit bien que les deux façons de faire conduisent à des résultats bien différents. Quand on regarde simplement les deux premiers fromages (#TooMuchSwissness), on a l’impression que l’allocation du banquier est équilibrée et que la mienne est bien trop agressive.

Par contre, quand on considère la fortune totale, on se rend compte que l’allocation du banquier est limite celle qu’on recommanderait à un jeune retraité…

Regardons dès à présent ce que ces différentes allocations (Banquier vs Mr.RTF) impliquent pour le précieux stash de Monsieur Müller.

Impact financier

Notre cher Monsieur Müller ayant 45 ans, son horizon de placement est d’environ 20 ans (à voir comment l’âge de la retraite évolue dans le futur). Mes calculs se basent sur les hypothèses subjectives suivantes:

  • Horizon d’investissement: 20 ans
  • Rendement annuel des actions: 6%
  • Rendement annuel des obligations: 3%
  • Pas de contributions annuelles au portefeuille ni au 2ème pilier (pas réaliste )
Banquier vs Mr.RTF

Et bim dans ton banquier Monsieur Müller!

 

Les différences dans la prise en compte des classes d’actifs et donc dans la définition de l’allocation d’actifs conduit à un différentiel de CHF 186’191 sur 20 ans! Tout ça pour une question de définitions!

Imaginez le résultat sur 40 ans pour un jeune loup sortant de l’université et qui ne prendrait pas en compte la globalité de ses actifs dans l’élaboration de son allocation d’actifs tout au long de sa vie… Quel gâchis ce serait! Peut être même qu’il devrait travailler 5-10 ans dans le vide!

Conclusion

Le fait de négliger ou de prendre en compte certaines classes d’actifs influe grandement sur nos décisions d’investissement et sur la bonne allocation à adopter. Mon exemple, bien qu’extrêmement simpliste, illustre bien l’impact du choix des classes d’actifs lors de l’élaboration de notre allocation idéale.

Étant donné que nos actifs les plus souvent oubliés/négligés sont illiquides et relativement peu risqués (en règle générale ce sont notre appartement/maison + nos 1er et 2ème piliers), la méthode du banquier sous-pondère la part de notre portefeuille qui devrait être investie en actions et réduit de facto la performance future attendue de notre stash. Dans l’exemple ci-dessus, cette petite « erreur » nous aurait coûté CHF 186’191 sur 20 ans…

Que faire?

Une vue plus globale permet, selon moi, d’appréhender notre situation financière de façon plus complète et d’adopter une stratégie plus précise, reflétant au mieux nos besoins et notre degré d’appétence au risque.

Sur le long terme, notre allocation d’actifs est l’élément le plus décisif dans la performance de notre stash, il est donc primordial de prendre le temps de la définir consciencieusement. Je suis convaincu qu’une définition plus large des classes d’actifs à inclure dans notre allocation conduit à une meilleure prise de décision pour nos investissements et donc à de meilleurs résultats!

Dans un prochain article, je vous expliquerai comment définir votre allocation d’actifs selon votre âge

Et toi cher Lecteur, que prends-tu en compte dans l’élaboration de ton allocation d’actifs? Fais le moi savoir dans la section des commentaires!

A très vite! 

Let’s stash some cash!


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