Comment calculer son taux d’épargne?

Mustachianpost a récemment sorti un classement des taux d’épargne des différents bloggeurs pour l’année 2019. Classement dans lequel je figure à une honorable 9ème place mondiale ou 3ème place Suisse avec un décent 56%! Comme quoi, je ne dois pas faire tout faux après tout!

Ma prestation financière a suscité l’émoi, en témoigne les quelques messages privés que j’ai reçus dernièrement m’indiquant que ce n’était pas possible d’épargner plus de 50% de son revenu et que j’étais un charlatant, etc… (Merci internet!).

Bref, il est venu le temps de clarifier les choses en te proposant ma méthode de calcul du taux d’épargne et puisque je suis un peu taquin, je vais également présenter des méthodes de calcul à ne pas suivre. C’est parti!

A quoi sert le taux d'épargne?

Selon moi, le taux d’épargne n’a qu’un seul et unique but: Nous informer sur notre capacité à transformer nos revenus en épargne.

Cela sous-entend donc que le taux d’épargne prend en compte toute action financière sur laquelle nous avons un pouvoir de décision.

Plus simplement dit, si l’on a un moyen de minimiser une sortie d’argent (=dépense car sortie d’argent active), cette dernière doit impérativement être prise en compte dans notre taux d’épargne.

Au contraire, si je subis une sortie d’argent sans pouvoir rien n’y faire, celle-ci ne devrait pas être qualifiée de « dépense » et ne doit donc pas être prise en compte dans notre taux d’épargne.

Les définitions

Alerte!!!: Partie chiante mais nécessaire!

Pour calculer le taux d’épargne, il nous faut les deux éléments suivants:

– Revenus nets
– Dépenses totales

Ensuite on applique la formule mathématique pour calculer notre fameux taux: 

(Revenus nets – dépenses totales)/Revenus nets

Et bam, notre taux d’épargne apparaît, illuminant de sa beauté notre spreadsheet Excel! Quelle simplicité!

Il convient quand même que je définisse ce que j’entends par revenus nets et dépenses totales pour que nous comprenions un peu mieux ce que ce taux indique.

Revenus nets

Revenus nets: Les revenus nets sont constitués de tous les revenus que je perçois, cela inclue donc mon salaire net des cotisations sociales (= salaire brut – cotisations AVS/AI – Cotisations LPP (part employé)) et tout autres revenus que je serais susceptible de générer (ex. des cartes cadeaux reçues, revenus liés à une activité de freelance, etc…).

Tu remarqueras aussi que je ne prends pas en compte le fait que mon employeur arrose mon 2ème pilier de sa part employeur chaque mois dans mes revenus nets. Pourquoi le ferais-je? Je n’ai aucune influence sur ces contributions. Oui, elles nourrissent mon stash mensuellement, mais je n’ai pas d’influence directe sur ce revenu.

Si tu utilises ma GSheet, tu retrouveras cette catégorie dans la partie revenu de l’onglet « année en cours ».

Dépenses totales

Les dépenses totales sont décomposées en 2 sous-catégories: les dépenses fixes et les dépenses variables.

Les dépenses fixes sont les dépenses mensuelles qui ne varient pas d’un mois à un autre. (ex: loyer, assurance maladie, connexion internet, etc…). Elles sont bien pratiques car on peut simplement les enregistrer une fois par année dans notre GSheet et ensuite on ne s’en occupe plus.

Les dépenses variables comme leur nom l’indique, varient de mois en mois et ne peuvent donc pas simplement être entrées une seule fois par année. Il faut donc les enregistrer religieusement au fur et à mesure que l’on fait chauffer sa carte 😉

Les dépenses totales selon ma définition représentent toute action financière active qui m’appauvrit. Je m’explique, je ne vais pas prendre en compte les cotisations sociales qui sont retenues sur mon salaire. Pourquoi ne pas prendre en compte ces sorties d’argent? Parce que je ne peux rien faire contre ces cotisations, il n’y a aucun moyen d’optimiser cette sortie d’argent, je dois les payer un point c’est tout.

A contrario, je ne subis pas les impôts que je paie, c’est une dépense comme une autre qui peut être optimisée. La preuve? Je choisis à peu près chaque année le montant des impôts que je vais payer. Si je veux payer moins d’impôts je peux prendre des actions concrètes pour minimiser ma charge fiscale (3ème pilier, rachat LPP, comptes offshores, trusts, évasion fiscale etc… [Alerte ceci est du 2ème degré, je ne veux pas avoir l’AFC sur le dos hein ;)].

Dépenses totales = dépenses variables + dépenses fixes

Le calcul de mon taux d'épargne

Je vais dès à présent illustrer ma méthode de calcul par un exemple en utilisant mes valeurs pour le mois de mai 2020:

Calcul de mon taux d’épargne pour mai 2020

Revenus bruts: CHF 9’000

Revenus nets: CHF 7’933.65 (=Revenus qui ont été directement versés sur mon compte)

Dépenses totales: CHF 4’466 (dépenses variables) + CHF 1’398 (dépenses fixes) = CHF 5’864

Mon taux d’épargne pour la période est donc = (7’933 – 5’864) / 7’933 = 26.08%

Super simple non? Cela veut donc dire que j’ai réussi à transformer 26.08% de mes revenus nets en épargne, ce qui est pour mes standards un mauvais mois.

Comme tu peux le constater le mois de mai aura été décevant!

Comment ne pas calculer son taux d'épargne

Selon ma méthode, j’arrive à un taux d’épargne peu glorieux de 26.08%… Mais testons maintenant quelques astuces que certains bloggers utilisent pour épater leurs lecteurs. 

Attention, je ne suis pas en train de juger les bloggers qui font cela! Ah ben si en fait, je m’apprête clairement à le faire… c’est mon Blog, je fais ce que je veux!

Variante 1 – Ouin ouin, c’est pas juste de payer des impôts

Dans cette variante, le blogger naïf ou malintentionné décide que les impôts ne sont pas une composante de nos dépenses. Cela revient à abandonner le combat et à choisir de ne pas optimiser cette catégorie mais bref, passons!  Regardons ce que cela donne en reprenant mes chiffres:

Je reprends mon salaire net et le transforme en salaire « net net » (après déduction des impôts) = 7’933 – 2’600 (=impôts du mois de mai) = 5’333

En parallèle, je retire cette douloureuse dépense de mes dépenses totales: 5’864-2’600 = 3’264

Mon taux d’épargne (net net) pour la période est donc = (5’333 – 3’264) / 5’864 = 38.79%

Wow! Magnifique! Il n’a jamais été aussi facile d’économiser de l’argent…

Pourquoi cette variante n’est-elle pas acceptable?

Les impôts sont une dépense comme une autre. Nier cette évidence serait se condamner à laisser cette dépense de côté et donc de ne pas prendre le temps de l’optimiser.

Hé oui, il est possible de réduire ses impôts de manière conséquente! La mesure la plus simple est de contribuer à un 3ème pilier, par exemple via Viac. Il y a d’autres solutions envisageables pour gérer son taux d’imposition sur le long terme, notamment les rénovations de son bien pour les propriétaires immobiliers, rachat LPP, etc… Nul doute que j’écrirai un article sur le sujet dans le futur.

Variante 2 – Compter les contributions au 2ème pilier comme revenu

Reprenons mon exemple, avec mon salaire brut de CHF 9’000 j’ai le droit à environ 10% (6% employeur et 4% employé) de contributions LPP ce qui représente donc un total de CHF 900.

En ajoutant ce montant à mes revenus nets de CHF 7’933 on obtient donc CHF 8’833.
Le taux d’épargne qui en résulte est donc = (8’833 – 5’864) / 8’833 = 33.61%

5% d’augmentation juste en prenant en compte les contributions LPP!

 

Pourquoi cette variante n’est pas acceptable?

Les cotisations LPP ne nous renseignent en rien sur notre capacité à générer des revenus et à les transformer en épargne. Il est faux de l’inclure dans notre calcul car cet argent est retiré directement de notre revenu brut et mis sur notre compte LPP.

On ne peut donc en aucun cas dépenser cet argent et il serait donc complètement illogique de l’inclure dans notre taux d’épargne.

Variante 3 – Salaire avec contribution LLP et net d’impôts

Revenus nets augmentés des contributions LPP et diminués des impôts = 7’933 + 900 – 2’600 = 6’233

Dépenses totales sans impôts = 5’864-2’600 = 3’264

Le taux d’épargne qui en résulte est = (6’233 – 3’264) / 6’233 = 47.63%

Oui, toi, je te vois! Tu iras brûler dans l’enfer de la FIRE!

Olalala, mon taux d’épargne serait tellement plus beau si je le calculais comme ça! Entre ma méthode (taux de 26.08%) et cette méthode il y a une différence de +21%!!!

Autant vous dire que si je souhaitais faire le kéké sur ce blog, je pourrais vous sortir des taux d’épargne frisant les 70% certains mois 😉

Conclusion

La prochaine fois que tu iras sur un blog et que tu liras des taux d’épargne de plus de 60%, pose toi les bonnes questions!

Est-ce que le bloggeur que tu lis est une machine à épargne, un berserker annihilateur de dépenses ou est-ce qu’il est simplement un vendeur de rêve qui manie les définitions pour t’en mettre plein les yeux?

À bientôt et let’s stash some cash!


Comments ( 7 )

  1. Matthieu
    Hello, Merci pour tes articles! Pour moi le taux d'épargne est plutôt defini comme : Savings (inclus LPP) / Revenu net (sur ton compte bancaire, dans mon cas impôts a la source deja déduis, LPP, AVS etc aussi) Je pense que l'aspect des dépenses n'est pas essentiel car au final ce qui compte c'est ce qu'il te reste par rapport a ce que tu gagnes, donc c'est pour ca que je prefere prendre les savings plutôt que les dépenses. Dans ce mode de calcul, je prends bien en compte le salaire net net, les impôts sont bien comptés mais pour moi les cotisations LPP sont bien des savings. Si tu quittes la Suisse tu peux les retirer sur un CLP ou en cash (taxable) que tu geres. Donc même si c'est pas toi qui gère ces savings pour l'instant, c'est quand même des savings...? Tu en penses quoi?
    • MrRoadToFIRE
      Bonjour Matthieu, Tout d'abord merci de ton commentaire extrêmement intéressant! 1. Utilisation du salaire net net pour ton calcul (=salaire net - impôts à la source): Je comprends ton utilisation du salaire net net qui est un peu plus pratique en tant que résident taxé à la source. Le fait que tes impôts soient déjà déduis de ton salaire rende cela presque logique pour toi. En revanche pour le citoyen suisse lambda qui doit remplir sa bonne vieille déclaration d'impôt, c'est loin d'être aussi logique que pour toi ;) En résumé pour un expat, je qualifierais quand même les impôts comme une dépense sur laquelle tu as un impact direct. Il y a en effet pas mal de petites astuces pour réduire ta charge fiscale et tu peux faire corriger le montant des impôts à la source payés durant l'année en déposant une demande de rectification. 2. Prise en compte de la LPP pour le calcul de l'épargne: Tu prends comme numérateur le terme de "Savings" (inclus LPP), difficile de juger si cela me semble adéquat sans définition claire de ce que contient le terme "savings" pour toi. Si Savings = Revenus net net + LPP employeur/employé - dépenses, je ne comprendrais pas vraiment ce que ton taux d'épargne mesure. Théoriquement selon ton calcul, chaque mois tu commences, avant la première dépense, à un taux d'épargne supérieur à 100% -> Savings > Revenu net. Est-ce que cela fait sens, tu pourrais théoriquement épargner plus que tu ne gagnes? Si tu prends la LPP en compte au numérateur, j'ai l'impression que cela ferait également sens de la prendre au dénominateur non? 3. LPP à considérer comme épargne: Oui tout à fait d'accord avec toi, tes contributions sont de l'épargne forcée qui est directement déduite de ton revenu. Mais comment qualifier les contributions de ton employeur? Les qualifier d'épargne ne me semble pas approprié. Je préfère considérer le tout comme une accumulation de richesse sur laquelle je n'ai pas d'emprise directe. Oui tu peux retirer le tout si tu quittes la Suisse définitivement ou le mettre sur un CLP. J'espère que j'ai bien compris ta méthode de calcul, sinon n'hésite pas à en corriger ma compréhension. En tout cas merci beaucoup ta question super intéressante!
  2. Didier
    Bonjour, Bravo pour votre site et votre parcours que je suis de près. Pour ma part, je calcule mon taux d'épargne comme suit : Revenus-dépenses/revenus = taux d'épargne*100 (pour un résultat en pourcentage) Mon taux d'épargne est de : - 10,48% en 2016 + 32,00 % en 2017 + 37,96% en 2018 +13,58 % en 2019 + 35,82% en 2020 (année en cours) soit un taux d'épargne annuel de +21,28 % de 2016 à 2020. Mon taux varie surtout en fonction des dépenses importantes comme l'achat d'une voiture d'occasion en 2019 et des frais d'études supérieures de mes 2 enfants. Mes revenus sont en très légère augmentation chaque année, et ce sont principalement mes salaires d'employé. Mes actions sont orientées surtout pour réduire mes dépenses. Par exemple la création de mon potager qui est bon pour mon alimentation avec des produits frais et bio, ma santé et mes finances. Je pense réduire aussi mes dépenses internet et téléphone en changeant d'opérateurs téléphonique (économie donc épargne potentielle de 330€ par an environ). Je boursicote, et j'achète des actions à dividendes, mais cette année avec le COVID, la majorité des dividendes de mes actions ont été supprimés ou réduits. Je consomme moins qu'il y a quelques années et j'épargne plus pour mes projets. Mon objectif est de continuer à augmenter année après année mon taux d'épargne qui constitue pour moi, un formidable indicateur d'augmentation de richesse future. Bonne continuation et bonne route !
    • MrRoadToFIRE
      Bonjour Didier, +21.28% sur les dernières années pour un père avec deux enfants à charge faisant des études supérieur, c'est un excellent résultat! Je te félicite pour ton travail sur la réduction de tes dépenses, c'est le plus grand levier à ta disposition pour faire monter ton taux d'épargne ;) J'adore l'idée du jardin potager, c'est un de mes objectifs à moyen terme. Malheureusement, ce n'est pas un objectif réalisable pour moi dans un futur proche. Profites en un peu pour moi... Pour les actions, la COVID a laissé des traces, mais le marché s'en remettra! Je te souhaite un taux d'épargne vigoureux et un stash gourmand pour la suite de ton chemin! Mr.RTF
  3. Matthieu
    Désolé pour ma réponse tardive! Pour répondre à tes commentaires, c'est vrai que ma situation d'impose à la source est bien pratique pour mes calculs ;-). Pour moi le terme "savings" correspond a ce que je transfere sur mes comptes de savings/investissements (typiquement VIAC 3a, compte épargne banque, brooker, etc...). J'inclus aussi mon LPP mais uniquement ma contribution, pas celle de l'employeur (et par exemple je prends en compte dans mon autre calcul de net worth entre autres ma prestation de libre passage, soit grosso modo mes contributions LPP). Par rapport a ta remarque sur les impôts au point 1, de cette manière, quand je récupère, en tant qu'impose a la source, mon remboursement N-1 d'impôt du a mon compte VIAC 3a, cela est comptabilisé dans mes revenus, et uniquement si je transfère ensuite cette somme sur un de mes comptes saving, cela est ensuite comptabilisé dans les savings et donc maintient mon taux de savings (Car revenu augmente mais savings aussi) Donc si je me trompe pas, mécaniquement, ma methode est la meme que la tienne qui fonctionne sur les dépenses? Egalement, mensuellement, les savings que je comptabilise ne sont jamais supérieurs a mes revenus nets, donc je ne peux pas avoir un taux supérieur à 100%. Avec cette methode, je tourne a : 01.2020 : 17.5%, 02.2020 : 47.1%, 03.2020 : 79%, 04.2020 : 0% (renégociation d'un crédit avec meilleur taux + apport pour diminuer mensualités), 05.2020 : 48.3%, 06.2020 : 51.9%, 07.2020 : 38.1%, 08.2020 : 37.3%) PS : desole pour les accents, clavier UK
  4. Matthieu
    Je peux pas editer mon commentaire, j'ai oublié de preciser, sur 2019 pour la comparaison je suis sur une moyenne de 25% de taux de saving. J'ai commencé sérieusement en 2020.
  5. LaBelleVie
    MrRoad je pense que le calcul que tu fais est bon. Perso j'économise 40% de mon salaire avec ta méthode, mais si je fais un rachat maximal de ma LPP je tombe à 72,5%! Tout le monde me décourage... de ne pas faire des Rachats, et que ce n'est pas rentable, car la part obligatoire rapporte seulement 1%, et la sur-obligatoire 0,025%. Perso je m'en fou, car j'avais un objectif de faire des rachats max pendant 4-5 ans. Avec un rabais de 30% d'impôt. Ensuite attendre 3 ans et retirer pour amortir mon hypothèque. La déduction totale va me rapporter environ 200 000CHF (déduction faites du 10% d'impôt lors du retrait). Ceci en ne faisant rien! Donc perso je trouve les rachat LPP très très intéressant pour quelqu'un qui veut l'utiliser pour acheter sa maison ou amortir comme moi. Evidemment il faut pouvoir le faire avec le fond de pension du travail (et le salaire qui va avec). De plus l'argent est bloqué, mais bon c'est un super outil d'optimisation fiscal! Bonne journée.

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